Le 22 Mars 1904, la Sacrée Congrégation approuve le projet de construction d'une maison à Beyrouth.
Le 12 juin, arrivent Mère St Justin et Mère St Edouard à Beyrouth ; elles sont accueillies par les sœurs de St Joseph de l'Apparition. La première maison, à Béchara Khoury n'est pas un lieu sûr ; par sécurité pour les Soeurs et les résidents, elles louent l'ancien consulat italien un peu plus loin. L'ouverture officielle a lieu le 2 juillet 1904. Les Soeurs débarquent à Beyrouth le 10 juillet, après 10 jours de voyage depuis Tarbes. La journée du 20 décembre voit la bénédiction de la petite chapelle. Le bâtiment devient vite trop petit, et elles déménagent en 1911 dans une demeure plus vaste appartenant anciennement à un notable de la ville, Abdallah Bey Beyhum. L'établissement s'organise petit à petit, et peut recevoir jusqu'à 80 personnes âgées dont plusieurs musulmans.
En 1914 la Grande Guerre éclate. Les turcs envahissent Beyrouth et obligent les Soeurs à quitter le pays dès le 1er janvier 1915, qui rejoignent Alexandrie, entassées en fond de cale dans de petites embarcations. Les personnes âgées sont laissées aux mains des autorités ottomanes. Lorsque la Communauté revient le 2 août 1919, la misère est totale : les Soeurs de la Charité, qui s'occupaient tant bien que mal de l'asile n'avaient plus de moyens. Le mobilier, le linge et le nécessaire à la vie : tout a été pris par les turcs. Petit à petit, la vie reprend et la maison se réorganise au prix de grands sacrifices, bien aidé par les pères Capucins. La Providence est chaque jour au rendez vous, car la quête, ressource principale des Soeurs, n'est pas chose aisée et de nombreuses portes restent fermées à leur passage.
Bientôt, de nombreuses mains viennent s'ajouter au grand projet : les jeunes filles de la Croix-Rouge, Pères Jésuites, Frères des écoles chrétiennes, religieuses de St Joseph ou de Saints Coeurs, mais aussi le gouvernement français. En 1930, monsieur et madame Morel lèguent à la communauté un grand terrain à Furn el Chebbak, située à l'époque à l'extérieur de Beyrouth et constitué esentiellement d'une forêt de pins. L'armée française aide aux travaux, et bientôt l'endroit devient nécessaire pour accueillir les 180 vieillards qui composent désormais la maison. Certaines familles libanaises n'hésitent pas à donner des offrandes chaque mois pour les pauvres, ainsi qu'un groupe de dames des meilleurs familles de Beyrouth qui organisent un repas chaque premier jeudi du mois. L'asile des vieillards a toujours attiré l'attention et l'affection des libanais.
En 1975 la guerre éclate. Furn el Chebbak devient le centre des combats : malgré les dangers et les pénuries de vivres et d'eau, les Soeurs tiennent trois années mais doivent se résoudre à quitter le foyer, devenu inhabitable, en juin 1978. Elles se réfugient à Ghodrass, dans une maison construite en 1972 pouvant accueillir une trentaine de personnes et étant destinée à la formation de jeunes novices. La demeure est bien trop petite, et l'on installe les personnes âgées comme l'on peut : sur des matelas par terre, même dans les couloirs... Des travaux ont donc lieu pour transformer et agrandir l'endroit, notamment par la construction de deux ailes et d'une chapelle. Il faut néanmoins des aides financières en plus de l'aide matérielle généreusement offerte par les familles libanaises qui viennent se réfugier en nombre au foyer.
En septembre 1978, Sr Patrick, bien connue des libanais, recherche incessamment des fonds, jusqu'en Irlande ! L'aéroport étant fermé, elle n'a d'autre choix que de revenir dans une barque de pêcheurs. Le sacrifice des Soeurs et leur confiance totale envers le Seigneur et la Providence n'auront pas été vain. Notre Dame du Liban veille sur le foyer, et une paix relative perdure au sein de la maison, alors que les bombardements redoublent à l'extérieur.
En juin 1988, la situation reste préoccupante. La prière et les psaumes ont permis à la Communauté de tenir bon durant ces périodes sombres de l'histoire du Liban. Depuis, de nouvelles générations d'anciens ont choisi Ghodrass pour vivre la dernière étape de leur vie dans la sérénité et la prière auprès des Soeurs.
Un tournant a été pris en septembre 2014 pour le bien de la Mission : un nouveau bâtiment permettra d'accueillir trente résidents en chambre privée, avec le développement d'un secteur Alzheimer au début de l'année 2018. La réhabilitation du bâtiment existant pourra permettre d'accueillir 50 nouveaux résidents lorsque les fonds récessaires seront acquis.
Restons unis dans la prière. Face aux évènements du siècle, la Communauté a su préserver la Foi et l'Espérance. Marchons ensemble dans les pas du Christ vers les nouveaux défis qu'imposent l'oeuvre de charité, le dévouement total envers les plus démunis.
« Marchons toutes ensemble en véritables Soeurs en Jésus-Christ. Tenons-nous par la main en signe d'union inébranlable et c'est ainsi que nous arriverons au terme de nos travaux » Père Dominique Ribes